Page de l'ouvrage avec dessins en noir et blanc imprimé de paysage de l'Aurès et village dessinés par Isabelle Eberhardt

Isabelle Eberhardt

Les Archives nationales d’outre-mer conservent le fonds privé d’archives relatives à Isabelle Eberhardt, coté GGA 23X, parmi lesquelles se trouvent notamment ses cartes de route.

Femme de lettres, écrivaine, exploratrice et avant-gardiste française d’origine russe née en Suisse, à Meyrin, en 1877 et convertie à l’Islam sous le nom de Mahmoud Saadi, Isabelle Eberhardt meurt lors de la catastrophe d’Aïn Sefra en octobre 1904, en Algérie, alors qu’elle venait de rejoindre son mari Slimène Ehni, sous-officier spahi algérien. Elle a 27 ans.

Détail de pages d'un ouvrage imprimé avec portrait photographique en noir et blanc d'Isabelle Eberhart
Archives nationales d'outre-mer, BIB AOM 1451

Ses notes de route, ses journaliers, ses nouvelles disent son obsession du paysage et sa passion pour l’Algérie où elle s’est installée à 20 ans avec sa mère. Elle parle le russe, le français, l’allemand, l’italien, l’arabe, qu’elle a appris toute seule, et le turc. Elle écrit sous un nom d’homme ou de femme et, afin de pouvoir circuler seule et libre, elle porte les cheveux courts et un costume de bédouin.

Publiés après sa mort, ses carnets de voyage et ses journaliers témoignent de ses explorations du désert, notamment dans le Sahara algérien dits alors Territoires du Sud: « Je resterai toute ma vie amoureuse des horizons changeants, des lointains encore inexplorés. Car tout voyage, même dans les contrées les plus fréquentées et les plus connues est une exploration ».

* Depuis 1897, le Sahara algérien, territoire militaire et considéré comme « non colonisable », dont les limites administratives sont mouvantes et incertaines, porte l’appellation de Territoires du Sud, par opposition aux départements du Nord de l’Algérie coloniale. 

Eberhardt, Isabelle (1877-1904)

Photographie en noir et blanc en pied d'Isabelle Eberhardt portant une jupe un manteau et une cape
Archives ationales d'outre mer, FR ANOM BIB AOM 5512

Parmi les figures de femmes libres et inspirantes du siècle dernier, Isabelle Eberhardt occupe une place particulière. Journaliste, auteure d’origine russe, née en Suisse, devenue française suite à son mariage, Isabelle Eberhardt s’installe en Algérie à l’âge de vingt ans, en 1897, aux côtés de sa mère qui y décède quelques mois plus tard. Contrainte de rentrer en Suisse, la jeune femme repartira dès le décès de son tuteur, en 1899. 

Passionnée de langue et de culture arabe depuis son plus jeune âge, elle se convertit à l’Islam. Elle parcourt successivement la Tunisie, le Sahara et l’Algérie où elle se fixe dès 1902 suite à son mariage avec Slimène Ehnni, sous-officier des Spahis, musulman de nationalité française. Elle collabore à différents journaux, notamment en tant que reporter de guerre. Elle périt en 1904 à Aïn Sefra à l’âge de 27 ans, suite à l’effondrement de sa maison lors d’une importante inondation. Ses ouvrages (Au pays des sables, Dans l’ombre chaude de l’Islam, Yasmina…) et carnets de route, partiellement sauvés des eaux, ont été publiés à titre posthume.

Polyglotte, aventurière, intrépide, Isabelle Eberhardt laisse le souvenir d’une personnalité hors norme, qui s’habille en garçonne pour ses explorations, emprunte des pseudonymes masculins pour signer ses premiers écrits et se détourne de la posture coloniale pour se tourner vers les peuples nomades et l’immensité des paysages. Fascinante pour beaucoup, dérangeante pour certains, elle est victime d’une tentative d’assassinat en 1901 et est expulsée momentanément d’Algérie, mais son « cœur trempé » et sa détermination lui permettront de vivre la vie qu’elle avait choisie, avec la liberté comme seule philosophie.

 

« Ne pas éprouver le torturant besoin de savoir et de voir ce qu’il y a là-bas, au-delà de la mystérieuse muraille bleue de l’horizon… Ne pas sentir l’oppression déprimante de la monotonie des décors… Regarder la route qui s’en va toute blanche, vers les lointains inconnus, sans ressentir l’impérieux besoin de se donner à elle, de la suivre docilement, à travers les monts et les vallées, tout ce besoin peureux d’immobilité, ressemble à la résignation inconsciente de la bête, que la servitude abrutit, et qui tend le cou vers le harnais. »

Isabelle Eberhardt

Sources à consulter aux ANOM :

Isabelle Eberhardt, Vagabondages, texte publié dans Ecrits sur le sable, Paris, Grasset, 1988, p.28. 

EBERHARDT Isabelle, DOYON René-Louis, Au pays des sables, précédé de Infortunes et ivresses d’une errante, Paris, F. Sorlot, 1944. BIB AOM 1451

EBERHARDT Isabelle, BARRUCAND Victor, Dans l’ombre chaude de l’Islam, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1926. BIB AOM 52639

EBERHARDT Isabelle, BARRUCAND Victor, Notes de route : Maroc, Algérie, Tunisie, Paris, E. Fasquelle, 1908. BIB AOM 52640

MACKWORTH Cecily, The destiny of Isabelle Eberhardt, London, Routledge, 1951. BIB AOM 5512

FR ANOM GGA 23X 10 et 23X 45 : Gouvernement général de l’Algérie, Dons et acquisitions 1758-1956, Fonds Isabelle Eberhardt.

Deux couvertures d'ouvrages disposés l'un à côté de l'autre
Archives nationales d'outre-mer, BIB AOM 52639, 52640

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