« Decolonizzare il patrimonio », « Finding the words », « (Dé)construire les « archives coloniales » », « Les archivistes face aux défis de la décolonisation »[1]. Alors que les archives du fait colonial sont régulièrement interrogées dans le débat public autour des questions de mémoires, de restitution ou d’accès, les réseaux professionnels internationaux se saisissent des enjeux de traitement de ce patrimoine. La réflexion, largement entamée dans les musées sur les principes de conservation et présentation de collections issues de la colonisation, irrigue également l’ensemble de la chaîne archivistique.
La spécificité des Archives nationales d’outre-mer (ANOM), service à compétence nationale, au sein du réseau des archives en France est de conserver, communiquer et valoriser des archives produites par l’administration coloniale française, du XVIIe siècle aux indépendances.
Au niveau national et européen, les ANOM sont engagées dans plusieurs groupes de travail, portés notamment par la Direction générale des patrimoines et de l’architecture (DGPA) du Ministère de la culture et des laboratoires de recherche universitaires, pour mettre en commun de nouveaux outils ou réflexions développés sur ces sujets (projet De-Bias, Europeana, 2023-2024 ; Labex « Retours, restitutions, circulations », Paris Nanterre Université, 2023-2024 ; projet ARIE Erasmus +, UC Louvain/Ecole nationale des chartes/Paris 8 Université, 2024-2025 ; groupe de travail sur la recherche de provenance des collections, ministère de la Culture, 2025). Cette mise en réseau rejoint l’importante dynamique de partenariats scientifiques et culturels détaillée ici.
De manière opérationnelle et stratégique, le Projet scientifique, culturel et éducatif (PSCE) du service (2020-2024) met l’accent sur les enjeux de mémoire partagée et l’accompagnement pédagogique à destination des scolaires et étudiants. Les thématiques proposées par l’équipe éducative auprès des jeunes citoyens permettent d’aborder les notions de liberté, justice, pouvoir, domination, racisme, l’importance de l’analyse des sources et de l’information et de l’accès aux archives au sein d’une démocratie.
En interne, les équipes ont aussi entamé une démarche réflexive afin de questionner leurs pratiques métiers à la lueur de ces enjeux, notamment en matière de classement et de description. Il s'agit de prendre en considération les violences politiques et symboliques contenues dans les archives de la présence coloniale, de la privation du droit à l'autodétermination des peuples jusqu'aux répressions communautaires et individuelles, sans les prolonger ni les invisibiliser.
En tant qu’institution publique nationale, les ANOM se positionnent comme l’un des acteurs incontournables pour saisir les enjeux relatifs au passé colonial de la France dans une approche inclusive et partagée.
Les archives du fait colonial sont le reflet des sociétés dans lesquelles elles ont été produites.
La vision du monde qu’elles véhiculent traduit les pratiques discriminatoires des administrations coloniales à l’égard des groupes ethniques, sociaux ou religieux sur lesquels elles exerçaient leur tutelle.
Les documents d’archives peuvent contenir des termes offensants ou choquants, qu’il convient de replacer dans leur contexte.
Certains inventaires et notices décrivant les archives et photographies sont anciens et peuvent reprendre la terminologie employée dans les documents.
Consulter les fonds[1] Séminaire « Decolonizing colonial heritage – Decolonizzare il patrimonio », Museo Storico italiano della guerra, TN (2022) ; Finding the words, adressing languages in archive collections as archivists, heritage professionnals and volunteers, The national Archives, Bath (2022), Journée d’étude « (Dé)construire les « archives coloniales » : enjeux, pratiques et débats contemporains », Archives nationales d’outre-mer (2019) ; « Les archivistes face aux défis de la décolonisation », Marie Van Eeckenrode, Pierre-Alain Tallier, Revue Belge d'Histoire Contemporaine, LII, 2022, 4.