Dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, la jeunesse a joué un rôle ambivalent dans la politique coloniale française. Les organisations de jeunesse, tant colonisée que métropolitaine, ont pu ainsi faire preuve d’un engagement précoce dans les luttes anticolonialistes et les revendications nationalistes ou au contraire participer à la propagande et à la légitimation de l’ordre colonial. Les administrations coloniales ont donc cherché à façonner et contrôler cette jeunesse, dont les élites urbaines éduquées devaient former les cadres de la politique de la France d’outre-mer après 1946.
Le « Jeu du labyrinthe », conçu par le Service de l’assistance coloniale, en constitue un témoignage aussi rare que saisissant. Ce jeu de plateau, dont les règles s’apparentent à celles du Jeu de l’Oie, utilise le divertissement comme moyen d’appropriation de l’espace colonial par la jeunesse. La richesse de son iconographie, en termes de représentations des territoires, des populations ou des symboles de la colonisation, témoigne d’une volonté mêlant politique et pédagogie au service d’une idéologie impérialiste.