Andrée Claudius-Jacquet de la Verryere naît le 9 décembre 1870 aux Mées (Alpes-de-Haute-Provence) dans une famille de la bourgeoisie aisée, d’un père ancien sous-préfet et d’une mère qui anime des salons littéraires. La jeune fille qui bénéficie d’études solides, fréquente les milieux littéraires et intellectuels de la capitale où elle commence à écrire des articles dans le journal féministe La Fronde entre 1899 et 1903.
Dorénavant, le journalisme et la littérature font partie de sa vie et lui permettent de défendre ses convictions, sous le nom de plume d’Andrée Viollis : féminisme, socialisme, anti-fascisme. Après la Première Guerre mondiale, elle est accréditée au Petit Parisien comme « envoyée spéciale » où elle se spécialise très vite dans le grand reportage. Ces enquêtes la mènent en Russie (1926), en Afghanistan (1929) et en Inde (1930).
C’est en 1931, alors qu’elle est âgée de 61 ans, qu’elle part en Indochine à la demande du ministre des Colonies, Paul Reynaud. C’est un choc pour Andrée Viollis qui découvre les abus du colonialisme envers la population locale, engagée depuis plusieurs décennies dans une contestation nationaliste. Elle en rapporte des notes accablantes qu’elle publie dans l’ouvrage Indochine S.O.S, publié chez Gallimard en 1935, et préfacé de l’écrivain André Malraux.
En 1937, celle qui est surnommée « la petite dame » participe à la « commission d’enquête dans les territoires d’outre-mer » mise en place sous le gouvernement du Front populaire et dirigée par l’homme politique socialiste Henri Guernut. Elle y est la seule femme à siéger à côté de trente-six membres parmi lesquels l’auteur André Gide, le philosophe et anthropologue Lucien Levy-Bruhl, Robert Delavignette, futur directeur de l’Ecole nationale de la France d’outre-mer, Victor Basch, co-fondateur de la Ligue des droits de l’homme et Léopold Sédar-Senghor alors enseignant. Cette commission, constituée par le gouvernement le 30 janvier 1937, doit faire le point sur « les besoins et les aspirations légitimes des populations habitants les colonies, les pays de protectorat et sous mandat ». Dans l'esprit de ses initiateurs, elle est destinée in fine à appuyer une campagne de réformes visant « le progrès intellectuel et le développement économique, politique et social des populations », sujets mobilisateurs pour une Andrée Viollis toujours plus engagée jusqu’à la fin de sa vie.
Elle s’éteint à Paris le 10 août 1950 à l’âge de quatre-vingts ans.
Pour en savoir plus
De nombreux ouvrages d’Andrée Viollis sont conservés dans la bibliothèque des ANOM dont :
- BIB ECOL 17138 ; BIB SOM a5235 L’Inde contre les Anglais, Edition des Portiques, 1930
- BIB SOM a4427 ; BIB AOM 49328 Indochine SOS, Gallimard, 1935
- BIB AOM 45233 Indochine SOS, édition Les éditeurs français réunis, 1949
- BIB AOM b9142 La vérité sur le Viet-Nam, Andrée Viollis, Prof. Boyer, Jean Hovan, Cinq-Mars, André Lescure, M. Michel... [et al.], La Bibliothèque française, 1948
Dans les fonds d'archives conservés aux ANOM, voir :
- SLOTFOM V 19 : Tracts et brochures (1921-1927), au sujet du livre SOS Indochine d’Andrée Viollis (1935)
- GUERNUT 12 : Liste des membres de la commission, répartition par sous-commissions (1938)
- GUERNUT 20 : Candidatures et acceptations (1937)
En 2024, une bande-dessinée est publiée à propos de son histoire.
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